Dans les maladies chroniques, le patient dispose d’une certaine “franchise” quant aux soins et à l’assistance sociale justifiée par son état de santé. Il est fréquemment tenté de dépasser cette franchise par des réclamations excessives, surtout quand sa vie personnelle et professionnelle en est fortement perturbée. ‘Rien n’est trop bien pour soi’ est un principe universel. Le médecin traitant est réticent à ces dépassements en début de relation avec son malade. Mais sa résistance s’émousse. Il est en posture paternaliste. Que son patient se mette à faire l’enfant et la pente devient glissante : il lâche de petites concessions qui finiront par devenir grandes parce qu’habituelles.
Pour éviter une dérive du même genre, l’administration change régulièrement ses douaniers d’affectation. Avoir affaire à des personnes bien connues menace de les rendre plus “tendres”. Il faut donc les déplacer ou faire en sorte que l’équipe douanière intègre de nouveaux éléments, afin de casser la pente glissante de la mansuétude.
La caisse d’assurance-maladie devrait s’inspirer de ce protocole. Elle exerce actuellement ses contrôles par un système pesant et coûteux de médecins “conseils” qui sont plutôt “gendarmes”. Désastreuse perte de productivité que d’affecter des soignants aussi longs à former à des tâches administratives, stériles pour l’amélioration effective de l’état de santé de la population. Leur rôle se limite à vérifier que le financement va là où il est le plus utile.
Une mesure simple consisterait à intégrer le médecin traitant à une “équipe” sur le modèle douanier, par exemple un trio de soignants dont l’un serait chargé du suivi habituel, le second d’une synthèse médicale annuelle, et le troisième vérifiant le coût pour la collectivité. Pour nombre de pathologies, seul le second devrait obligatoirement être médecin. Infirmier spécialisé pour le premier et comptable formé aux coûts des pathologies pour le troisième. Réunion possible entre les 3 dès que l’un d’eux constate un problème.
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