Effets secondaires après vaccination anti-COVID

Certaines infox circulant sur le vaccin utilisent une méthode particulièrement vicieuse. Des études parfaitement officielles sont interprétés de manière scabreuse. Le sceptique est envoyé à l’authenticité des chiffres. Prenons l’exemple du signalement des effets secondaires après vaccination. Il est extrêmement élevé, jusqu’à plusieurs centaines de milliers de signalement pour certains. L’affluence est telle que les centres de pharmacovigilance sont débordés. Une responsable a appelé à « ne plus signaler les effets connus et bénins », aussitôt accusée par les antivax de vouloir dissimuler la dangerosité du vaccin. Alors, quelle est la réalité de ces effets secondaires ?

Réels ils le sont, c’est une certitude. Impossible de traiter d’affabulateurs des centaines de milliers de personnes. Mais s’agit-il d’effets du vaccin ou du fait d’avoir été vacciné ?

Une catégorie d’effets provient authentiquement du vaccin et est attendue : douleur au point d’injection, syndrome grippal et asthénie dans les jours ou semaines qui suivent. Rappelons le rôle du vaccin : sonner l’alarme dans l’organisme contre un microbe avant qu’il soit rencontré et que la bagarre devienne mortelle. Que l’organisme réagisse n’est donc pas inquiétant mais rassurant : le message est passé. Ce type d’effets secondaires caractérise les mieux protégés après vaccination. Sans doute les concernés peuvent-ils retarder davantage un rappel futur du vaccin. Signalisation positive et non pas négative.

L’autre catégorie d’effets est dite indésirable. L’immense majorité d’entre eux sont bénins et quelques-uns graves. Comment savoir s’ils sont liés au vaccin, à l’acte de vacciner, ou au hasard ?

Différencier vaccin et acte de vacciner se fait par des études en aveugle. Un groupe reçoit le vrai vaccin et l’autre une injection d’eau salée. Tous n’ont qu’une seule certitude : ils ont pu recevoir un vaccin expérimental. Que se passe-t-il ?

Réponse dans le dossier du vaccin Pfizer proposé à la FDA en décembre 2020 pour autorisation. L’étude pilote a concerné plus de 43.000 personnes. Les effets secondaires ? En nombre voisin dans les deux groupes, vrai vaccin et placebo. Certains sont logiquement plus fréquents dans le groupe vaccin, liés à son rôle immunisant : 3,7% des vrais font une fièvre > 38°C (mais aussi 1% des faux!), 45% des vrais éprouvent fatigue et mal de crâne (mais aussi 33% des faux!), 20% des vrais prennent un anti-douleur/fièvre après l’injection (mais aussi 12% des faux!). Les effets peu liés au rôle immunisant et seulement à l’acte de vacciner sont en nombre comparable : 1,2% de vomissements et 11% de diarrhée dans les 2 groupes.

Retenons au total qu’un tiers des vaccinés avec de l’eau salée ont ressenti des effets secondaires justifiant un signalement. Effets auto-déclenchés, donc. Effet nocebo sur soi entièrement lié à l’inquiétude de recevoir un vaccin expérimental.

Transposons ces chiffres à la population française déjà vaccinée (50M). Le nombre d’effets indésirables, un tiers, représente plus de 16 millions de signalements potentiels ! Rapportons ce chiffre au discours antivax : « 1.074.200 cas d’effets secondaires en lien avec les vaccins anticovid sur sa base de données VigiAccess rien qu’en Europe ». Ce million n’est pas « énorme » mais énormément inférieur à ce qui est attendu. Heureusement la plupart des vaccinés restent insensibles à la paranoïa des antivax et ne signalent pas les effets bénins. L’effet nocebo se réduit également à mesure que le nombre de doses injectées augmente. Très puissant pour les premières 34.000 personnes, il s’affaiblit aujourd’hui après 6 milliards de vaccination.

Qu’en est-il des effets secondaires graves ? Ils existent. Tout traitement en a potentiellement. Mais leur réalité est d’autant plus difficile à établir qu’ils sont rares. Prenons 50 millions de personnes et vaccinons-les en l’espace d’un an. Sont-elles entretemps devenues réfractaires aux autres maladies ? Non. Un vacciné n’est pas devenu invulnérable. Les maladies graves prélèvent leur lot de victimes, même davantage en raison des perturbations du système de santé. Des vaccinés vont mourir, mais pas du vaccin. Comment repérer parmi eux d’authentiques complications de la vaccination ?

Le lien temporel ne suffit pas. Il faut connaître l’incidence habituelle de la complication, la comparer aux vaccinés. Ainsi le vaccin AstraZeneca a-t-il été reconnu probablement coupable de thromboses vaccinales, en nombre très faible : 0,00084 % des injections. Faut-il s’en inquiéter et renoncer à la vaccination ?

Traitons le problème pour l’ensemble des effets secondaires graves attribuables à un traitement. Il s’agit en effet d’une balance bénéfice/risque. Quelles sont les gravités de l’affection traitée d’une part, du traitement de l’autre ? Des médicaments hautement toxiques sont utilisés couramment contre les cancers, parce qu’ils sont le seul espoir de sauver la personne.

Un exemple très proche des vaccins est celui de la ceinture de sécurité. La probabilité qu’elle vous sauve la vie en cas d’accident est très supérieure à la probabilité qu’elle vous la coûte (mieux vaut être éjecté si la voiture tombe dans un ravin). Mais nous ne réfléchissons pas à cet effet secondaire. Les statistiques sont clairement en faveur de la ceinture. Pourtant, avant qu’elle soit rendue obligatoire, les anti-ceintures étaient nombreux. A leur décharge, ils étaient moins dangereux que les antivax ; ils n’ont jamais cherché à dissuader les autres de porter leur ceinture…

La situation est la même pour le vaccin. Sa réduction de mortalité par COVID est largement démontrée, sauf dans l’esprit de quelques experts auto-proclamés. Les effets secondaires létaux sont absents ou en nombre infime selon les formes commercialisées. L’intérêt d’une vaccination généralisée n’est pas contestable, surtout quand c’est justement sa généralisation qui la rend efficace.

Mais revenons sur une question importante : pourquoi des effets graves en nombre infime déclenchent-ils une hystérie collective ? Après tout il y a bien davantage de morts quotidiennement par accident de la route. Les gens ne cessent pas pour autant de monter dans leur voiture. Les avantages sont supérieurs aux inconvénients. Comment 27 cas de thrombose liées à l’AstraZeneca parviennent-ils à provoquer la panique ?

La manière dont je vous ai présenté les choses met en évidence un biais cognitif. 27 cas ou 0,00084 % de thromboses ont des effets très différents dans notre esprit.

Le cerveau humain est conçu évolutionnairement pour gérer la taille d’une tribu. Bien qu’il ait conçu des outils mathématiques remarquables pour gérer les grands nombres, l’humain n’a pas les capacités de gérer une infinité d’informations. Il peut représenter en détail plusieurs dizaines de personnes. Au-delà il s’agit seulement d’un nombre croissant de congénères indifférenciés. Les conséquences des chiffres sur l’esprit sont très variables selon qu’il sont bruts ou des pourcentages. « 27 cas » est menaçant, pas « 0,00084 % ».

Notre cerveau ne rapporte pas les 27 cas aux 3,2 millions de personnes vaccinées. Il n’est pas conçu pour traiter l’ensemble comme des individus d’importance égale à soi, sauf de manière abstraite. Émotionnellement, il rapporte les 27 cas à la taille d’une tribu. Ce qui est énorme. Le danger est effrayant.

Tandis que le 0,00084 % est une statistique ; elle n’implique pas des personnes précises. Le cerveau l’associe cette fois correctement au très grand nombre d’individus, qui restent à l’état mathématique. La peur n’est pas éveillée.

Du moins elle ne devrait pas l’être davantage que par les nombreux traitements pris couramment sans réticence, toujours susceptibles  de produire exceptionnellement un effet secondaire grave. Qui sait que l’on peut mourir d’une simple prise d’ibuprofène par hypersensibilité (DRESS) ?

Le biais cognitif de la tribu est l’un de ceux utilisés par les antivax pour manipuler nos esprits.

NB: Quand je dis ‘antivax’, dans ce post, il s’agit du petit nombre d’influenceurs complotistes à l’origine du mouvement. Les autres ne font que du copier-coller. Prisonniers de la société du spectacle.

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Comment expliquer la hausse des hospitalisations chez les vaccinés COVID ?

Chaque vague de la COVID semble réjouir les antivax. « Regardez ces couillons qui se sont fait vacciner : ils sont aussi nombreux que les autres dans les hôpitaux ! Et ils voudraient nous imposer ce vaccin à la con ? ».

La hausse des hospitalisations chez les vaccinés COVID est liée à trois facteurs :

1) Le nombre de personnes ayant reçu au moins 2 injections est devenu très majoritaire. Ils sont mécaniquement plus nombreux à être hospitalisés, alors qu’en pourcentage les vaccinés font toujours beaucoup moins de formes sévères que les non-vaccinés.

2) Les personnes fragiles sont les plus nombreuses à être vaccinées. Elles sont plus susceptibles de décompenser lors du contact avec le virus et être hospitalisées.

3) L’immunité du vaccin baisse avec le temps. Beaucoup des hospitalisés sont à plus de 6 mois de leur dernière injection.

Or le virus circule toujours. A qui la faute ? A ceux qui ont fait le geste solidaire de se faire vacciner, même quand ils ne font pas partie des catégories à risque ? Non. Si le virus continue à se réveiller et causer de nouvelles vagues plus d’un an après le début de la vaccination, c’est qu’il dispose d’un réservoir où persister et éventuellement muter : les antivax.

C’est très probablement par la simple présence des antivax que la majorité de la population, qui a accepté le vaccin, devra continuer ses rappels, jusqu’à la mise au point d’une protection plus définitive ou d’un traitement enfin efficace des formes graves.

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Voir aussi:
Antivax: définition

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